Compagnie de l'Entreprise
Compagnie “L’entreprise”
Metteur en scène François
Cervantes
Recherche sur le clown à partir de l’ange
Catherine Germain : Areletti
A cette époque, nous ne parlions pas du "clown"
mais de "l'ange". Il s'agissait d'une créature qui rêvait de s'incarner.
Dans ce désir de venir au monde, de chuter sur la terre comme
dans la trajectoire des anges, je n'imaginais pas
être une femme, mais plutôt un être encore indéfini pour ne pas dire infini.
Désaprendre
Désaprendre
Nous avons fait nos gammes en perdant nos
habitudes. Il fallait nous désarmer pour devenir
désarmants. Nous acceptions de toucher le fond, de descendre quelque part en nous, avec l'intuition d'y changer notre
vie.
Quand un acteur aborde cela, il
touche en lui. une espèce de fondation qu'il ne connaît
pas vraiment. Nous avons beaucoup travaillé sur l'immobilité, le
silence, pour essayer d'aller chercher à l'intérieur.
La relation au public : proximité et distance
A la source de l’humanité
Le clown est quelqu'un chargé de désirs, et ce
désir demande à s'incarner ; comme les
anges qui chutent sur terre, ils ont cette envie d'aller vers l'humanité
...mais comme un rêve. Cela semble venir du début des mondes, d'êtres qui ne
sont pas encore corrompus, d'êtres à venir. I1 y a aussi de la sauvagerie.
Etrangeté et révélation
Pour moi. le clown c'est un "je". C'est
moi-même mais un "je" qui a une vraie étrangeté. Ce n'est pas moi
entièrement. C'est moi et celle qui est encore inconnue. Je porte une étrangère
et cette étrangère me révèle.
Etrangeté et révélation
Dans le clown il y a cette démarche de d'inventer
un être qui est la révélation de nous-mêmes. Il existe des liens
philosophiques, métaphysiques, émotionnels dans le rapport à nous-mêmes
Nature
organique
En même temps il faut l'incarner. On est sur le fil, il ne faut pas
conclure. Il faut s'engager, c'est toujours périlleux. Ce n'est jamais fini. C'est de l'ordre de la cellule, de la respiration,
de l'organique.
Nature
organique
Le
clown pour moi c'est ça : c'est l'être qui,
lorsqu'il est dans la lumière, avec tous les sujets qui le traversent, n'est que question. Il n'est jamais réponse et c'est
excitant. On ne sait jamais ce qu'il va penser, arriver, faire ,
provoquer... Ce n'est que la question qui passe
dans le sang.
Nature organique
François Cervantes
Il est avec son corps comme
l'auteur est avec le langage. Pour lui, le corps, cet enchevêtrement de muscles
de nerfs et de peau, c'est le langage, et mettre à jour le clown, c'est mettre
à jour le poème incarné, la présence unique de ce corps, rendre lisible le
poème écrit par la vie, inscrit dans le grand livre.
Devenir clown c’est devenir poème.
Rouge de honte ou de colère, vert de
jalousie, blanc de peur, bleu de froid, comme dans
les tableaux de Munch ou de Gauguin : le clown prend la poésie au pied de la
lettre.
Cela demande sans doute de redescendre en
dessous de tout ce qui a été appris et qui encombre, pour retourner aux gestes
d'origine, pour que ce soit le désir qui agisse directement, qui prenne
possession du corps.
Devenir clown c’est devenir poème.
Comme dans l'écriture il ne
s'agit pas d'inventer quelque chose de nouveau mais plutôt de fouiller en
soi pour y trouver ce qui y était depuis toujours, enfoui.
Comme l'enfant qui regarde un
sculpteur finir un cheval et qui lui demande : comment savais-tu qu'il y avait
un cheval caché dans la pierre ?